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SCIENCES, VOYAGES ET CREATIONS
7 juin 2016

Un peu de secret des étoiles - suite

 

Rien n'a prouvé encoire que la vie palpite ailleurs qu'ici bas. Certains esprits hautains s'en réjouiront. 

Pour eux, dans cette symphonie muette que font les orbes d'or des étoiles, les cris qui montent de la Terre sont une dissonance, blessante à qui aime l'impassible silence. Pourtant l'instinct sociable qui est dans les hommes les a fait , de tout temps, rêver des mondes lointains où, comme ici-bas, des êtres éphémères et conscients, naissent, s'agitent un petit peu, puis se désagrègent. 

Une telle croyance est d'ailleurs liée plus étroitement qu'il ne semble d'abord à la politique et à l'histoire. La face du monde eût pu être changée si Aristote, au lieu d'imaginer les astres fait d'une substance divine essentiellement différente de la Terre, les avait crus habités. Il n'eût pas manqué d'enseigner cette opinion à son turbulent élève Alexandre, et le désespoir où ce jeune héros eût été imaginer ailleurs des peuples échappant à sa domination, l'eût peut-être fait renoncer à son dessein de conquérir cette petite bille terrestre. 

Je sais bien que la plupart des gens, et même plusieurs qui font profession de science, sont moins jaloux de leur place dans l'Univers que du rang qu'ils tiennent sur les petits gradins de la fourmilière humaine. Cependant, pour les hommes capable de réflexion - et il en est quelques-uns quoi qu'en disent les pessimistes - croire les planètes habitées est un excellent vaccin contre les deux plus terribles maladies qui soient : l'ambition et l'inquiétude. 

Qu'on ne s'étonne point de nous voir statuer sur la pluralité astrale de la vie à l'aide d'arguments aussi étrangers à la science positive ; on n'en possède point de meilleurs, nous l'avons montré. Nos frères des autres mondes sont encore comme ces mythes charmants et consolateurs que nous aimons à imaginer aux heures de désespoir et qui peuvent être ou n'être pas, selon notre humeur, étant hors des atteintes prosaïques de l'observation. On n'a encore rien trouvé de mieux, en faveur de la pluralité des mondes, que les raisonnements analogiques si joliment développés jadis par ce bon M. de Fontenelle. Et quend on me dit que la sottise, sous la forme comique qu'elle revêt chez les hommes, est une chose bien propre à être généralement répandue dans l'Univers, avouons avec lui que faute d'une démonstration plus géométrique, nous sommes presque convaincus. 

Il est piquant de rappeler à ce propos le prix de 100 000 francs légué à l'Académie des Sciences par une excellente dame, pour celui qui le premier aura communiqué avec une planète ... autre que Mars. La légataire pensait qu'avec Mars c'était vraiment trop facile ! Elle a eu d'ailleurs la sagesse de ne pas exiger que les intérêts de ce capital fussent accumulés. C'est heureux, car selon toute apparence cette somme placée à intérêtes composés, eût, avant que d'être décernée, absorbée infailliblement toute la fortune de la Terre, provoquant ainsi les guerres et les cataclysmes économiquesles plus épouvantables. Qu'on aille encore dire, après cela, que les question d'astronomie ne peuvent pas avoir de répercussions pratiques !

Puisque la croyance à la pluralité des mondes habités  n'est aujourd'hui ni confirmée nin infirmée par la Science, j'estime qu'il est convenable et utile de la soutenir. Elle offre une digue à l'anthropocentrisme. Il faut bien  l'avouer, s'il n'y avait nulle part ailleurs dans l'Univers de la pensée et de la souffrance, s'il n'y avait nulle part ailleurs des cerveaux  broyant de l'idéal, notre petit globe serait en vérité, malgré la médiocrité  de sa masse et de sa positions, la capitale de l'immensité. Et le sachant, les hommes deviendraient peut-être vaniteux, ce qui serait inconcevable. 

Quand à entrer en relation avec les hypothétiques habitants des autres planètes, c'est un problème qui ne sera pas de sitôt résolu. 

Des enigmes plus pressantes que la télégraphie interplanétaire s'offrent aux curieux de conversations lointaines. Qu'ils tâchent de communiquer avec la pensée de nos frères ainés les animaux, dont un abîme encore nous sépare ! Qu'ils tâchent de rendre pénétrables l'une à l'autre ces urnes hermétiques et sombres qu'on appelle deux âmes humaines ! 

Et pui, la matière minérale ne nous offre-t-elle pas des problèmes plus accessibles et non moins émouvants que ces édifices moléculaires putrescibles et charmants qui sont les êtres vivants ?

C'est une question que je ne m'essayerai point à résoudre, car elle a plus de faces qu'un hexoctaèdre. 

 

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